Les matières premières sont la base de notre économie et soumises à des variations beaucoup plus simples à appréhender que les actions par exemple. Elles sont de ce fait un moyen non négligeable de diversification de placement pour tout investisseur qui souhaite étoffer son portefeuille.
Quelles informations influent sur le cours des matières premières et avec quelle importance ? Comment investir ? Sur quelle matière investir ? Toutes ces questions, ce dossier tentera d’y répondre.
Les matières premières, ou aussi appelées commodities, sont à l’origine de toute fabrication industrielle. Sous cette appellation nous retrouvons tout ce qui est issu de la terre, si l’on synthétise grossièrement. On y retrouve 3 grandes familles : les produits miniers (principalement les métaux), les combustibles énergétiques (tel que le pétrole ou le gaz) et les matières premières agricoles (blé, oranges,…).
Ce marché rassemble les producteurs du côté de l’offre et les consommateurs du côté de la demande. Avec l’apparition des marchés dérivés et la numérisation des plateformes d’échange, un autre type d’acteur s’est invité sur la scène : l’investisseur.
Le gros avantage de ce marché est que quoi qu’il arrive et pour peu que la matière ne périme pas, il existera toujours une demande et donc un prix de base. Du fait de son utilité dans différents processus de fabrication.
La vedette incontestable de cette catégorie pour les investisseurs n’est autre que l’or. Mais il y a bien plus que le métal jaune dans ce groupe. On retrouve aussi le cuivre, l’argent, le platine,…
Il s’agit de la catégorie des commodities la moins saisonnière de toutes. Quel que soit le temps qu’il fait dehors, il y aura pratiquement toujours la même production et la même consommation. C’est donc ici aussi que l’investisseur de long terme pourra placer ses deniers.
Les prix, comme sur tous les marchés, sont fixés en fonction de l’offre et de la demande. Pour bien gérer cette partie des commodities, en sélectionnant une matière il faut aussi se renseigner sur les différents pays producteurs et les débouchées dans l’industrie. Ce sont les seuls paramètres qui influeront sur les prix.
Ainsi, du côté de l’offre, si des tensions politiques se font ressentir dans un important pays producteur comme ce fut le cas en Afrique du Sud il y a peu avec l’or, l’approvisionnement du marché s’en trouve hypothéqué et les prix, très logiquement, partiront à la hausse. A l’inverse, si un nouveau gisement est découvert, de nouvelles quantités se trouveront exploitables et arriveront sur le marché, ce qui mettra une pression à la baisse sur les prix. Dans le même cas de figure, un pays qui investi dans ses infrastructures d’extraction pour augmenter le niveau d’exploitation amènera plus de matières et fera également baisser les prix.
Au niveau de la demande, les acteurs sont beaucoup plus nombreux et sont généralement rassemblés par pays. Les principaux facteurs de variation de la demande sont à mettre à l’actif de la croissance économique. Puisqu’une économie traditionnellement grande consommatrice d’une matière première le restera à court-moyen terme quelque soit le prix, on peut considérer que si cette économie va bien, sa demande sera importante et soutiendra les prix. A l’inverse, une crise économique amputera la demande d’un acteur ce qui entrainera les prix à la baisse. On peut également rassembler les acteurs par secteur d’activité, et le schéma sera typiquement identique. Prenons l’exemple du secteur automobile, grand consommateur d’acier. Ce secteur est actuellement en crise en Europe, la demande baisse pour les voitures, entrainant une baisse de production et donc des besoins en acier. La baisse de la demande crée un excès d’offre et les prix baissent.
Un autre facteur, moins évident à gérer et moins significatif, est à mettre sur le compte des évolutions technologiques. Concrètement, comment cela se matérialise-t-il. Par rapport à la construction aérienne par exemple, ce secteur était à la base un grand consommateur d’aciers. Depuis l’apparition des matériaux composites, la part de l’acier dans la construction des avions n’a pas cessé de décroitre. Cette évolution, lente mais certaine, influe aussi sur les prix. Ceux de l’acier ont baissés, ceux du pétrole, matériaux de base pour les matériaux composites ont augmentés.
Encore un détail à tenir à l’œil, c’est l’évolution de la devise dans laquelle est labellisé la matière première. Dans le cas de l’or, si le dollar américain baisse par rapport aux autres devises, le prix de l’or en dollar augmentera. A l’inverse, si le dollar augmente, le cours de l’or en dollar se déprécie.>
On retrouve ici tout ce qui est bois de chauffage, gaz naturel, gaz de schiste, charbon, pétrole,… Même si certains produits peuvent aussi avoir des caractères de matériaux de base à l’industrie (pensons au pétrole pour le secteur pétrochimique) ces différentes commodities ont pour vocation d’être consommés.
Par rapport aux différents paramètres d’influence de l’offre ou de la demande, tout ce qui a été souligné pour les produits miniers entre aussi en considération pour ces matières premières. Mais en plus de cela, il faut aussi tenir compte, du côté de la demande, des données météorologiques des pays consommateurs.
En effet, en plus de servir de combustible aux industries pour la production, ces matières servent également à chauffer les ménages en hiver. De ce fait, les fluctuations des prix ont une légère tendance saisonnière. Les prix sont plus élevés en hiver qu’en été. Et comme les plus grands pays consommateurs se trouvent sur la partie nord du globe terrestre, les saisons à considérer sont les saisons de l’hémisphère nord.
Ainsi, si la météo prévoit une forte vague de froid sur l’Europe, nul doute que les prix fileront à la hausse.
Notons que les facteurs qui influencent les prix du côté de la demande influencent les prix de l’ensemble des matières de ce compartiment. Une vague de froid impactera autant les prix du gaz que du pétrole ou du charbon. Dans le même temps, une pénurie d’offre pour une des commodities en période de froid entrainera tout autant à la hausse les autres matières. Qui n’a pas de pétrole pour se chauffer devra quand-même se chauffer et ira chercher du bois par exemple.
Pour cette classe plus que pour les 2 premières, il est important de tenir compte des évolutions saisonnières et des perturbations climatiques. Pour certaines céréales par exemple, des conditions strictes d’humidité et de luminosités sont nécessaires pour leur croissance. Si ces conditions ne sont pas rencontrées, la production ne sera pas à la hauteur de la demande et les prix flamberont. C’est le même refrain pour les catastrophes naturelles. Des tornades qui ravagent un état producteur de maïs aux USA entraineront les prix à la hausse.
Bien sûr, comme précédemment, l’ensemble des facteurs qui influencent les prix pour les 2 premières classes de commodities entrent aussi en ligne de compte pour cette 3ème catégorie. Mais le caractère saisonnier est encore plus exacerbé ici. La ressource n’étant productible que sur une seule période de l’année parfois, entre la saison de production et le creux les prix peuvent fluctuer du simple au triple.
Il est dangereux par contre de prendre des réserves de fruit en haute saison pour les revendre en basse saison puisqu’il y a le risque de pourriture de la marchandise. Pour peu que les moyens de confinement manquent, l’investissement se retrouvera vite être désastreux. Mais heureusement, il existe d’autres façons d’investir que d’acheter directement la matière première.
Autre point intéressant à tenir à l’oeil, c’est la variation du niveau de vie. Une hausse du niveau de vie d’habitants d’un pays ou d’une région peut aussi impacter les prix, et ce pour toutes les classes de commodities. Par exemple, des pays comprenant une forte classe moyenne consommeront bien plus de viande qu’un pays à bas revenu, et à l’inverse ils consommeront moins de céréales et de légumes. En revanche, la hausse du nombre des élevages augmentera les besoins en nourriture pour les cheptels, ce qui augmentera aussi les prix du maïs en conséquence, le maïs constituant de base de la farine alimentaire pour bétail.
L’avènement des biocarburants et des produits industriels recyclables sont une évolution technologique porteuse pour les cours. Si la tendance se poursuit, nul doute que les prix seront soutenus.
Il existe plusieurs façons d’investir dans les matières premières de façon plus ou moins directe pour profiter directement ou indirectement des variations de prix.
La façon la plus évidente est évidemment d’acheter directement de la matière première. Si c’est tout à fait possible pour l’or ou l’argent, ça ne l’est pas du tout pour la majorité des autres commodities. Parce que leur production est saisonnière et que leur confinement est parfois délicat, pour investir sur l’orange par exemple il est possible de miser sur les futures liés à la ressource. Qu’est-ce qu’un future ? Il s’agit d’un contrat promettant à son détenteur d’avoir, lors de la récolte de la denrée, une quantité fixée à un prix fixé par le contrat. Ainsi, il est possible dès l’hiver de miser sur une excellente récolte d’oranges à l’été prochain en achetant des futures liés à la matière. En revanche, une fois que la récolte a été entièrement vendue, s’il reste des futures, il faudra repousser leur échéance et c’est souvent avec frais.
Autre canal, il est aussi possible d’investir via les actions des entreprises productrices de la ressource. Ainsi, Nyrstar est à conseiller pour l’investisseur qui parie sur une hausse du zinc par exemple. Les actions sont très liquides, même si avec la numérisation des marchés, le marché des futures est bien fluide également.
L’inconvénient de miser sur une entreprise plutôt que sur la matière première, c’est que l’évolution du cours de l’entreprise ne dépend pas que de l’évolution de la matière première. Il faut aussi tenir compte des tendances générales des actions (une crise boursière entrainera toutes les actions à la baisse globalement), de la structure de l’entreprise et sa faculté à gérer ses outils de production ainsi que ses clients.
Autre gros désavantage, vu la forte hausse du cours des matières premières, certains états de pays en voie de développement ont vite tendance à nationaliser les outils de production pour profiter de la manne financière que cela représente. Ces nationalisations se font généralement au détriment de l’entreprise et quand elles sont confrontés à ce cas de figure, elles perdent tout ou presque.
Pour ceux qui ne souhaitent pas s’encombrer de matières premières mais qui veulent profiter directement des hausses ou baisses de prix peuvent miser sur les trackers. Il s’agit d’un véhicule financier qui achète soit des ressources physiques, soit des futures et qui en échange vend ses parts à des investisseurs. Les investisseurs disposent ainsi « d’actions » de trackers et bénéficient de tous les avantages des investissements dans les matières premières sans les tracas qu’occasionne la gestion des stocks ou l’échéance des futures.
Pour les placements à court terme, voire très court terme, il existe encore un autre canal qui se développe de plus en plus ces dernières années. Sur les marchés dérivés maintenant, il est tout à fait possible de spéculer par l’intermédiaire des options binaires. En sélectionnant une ressource, il est possible de miser à la hausse ou à la baisse sur les variations du cours de la ressource.
Toujours sur les marchés dérivés, il est aussi possible de spéculer par le trading avancé et les effets de levier. Toujours sur la base du cours de la matière première, l’investisseur prend une position et par l’effet de levier peut engranger des bénéfices conséquents dans les quelques minutes qui suivent.
Les options binaires et le trading avancé sont d’ailleurs très bien adaptés pour les commodities vu que les variations de cours ne sont pas considérables comme pour les actions. Et les tendances sont lourdes et à long terme la plupart du temps. Il est donc assez facile d’anticiper les fluctuations et de miser sur la bonne direction.
Globalement, les tendances sont à la hausse pour l’ensemble des matières premières. Et pour 3 raisons principalement : la croissance démographique mondiale, la hausse des revenus dans certains pays et l’émergence des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).
Bien que la crise mondiale actuelle semble ralentir le processus, il ne fait presque aucun doute que la hausse reste le mot d’ordre à long terme. L’information est évidemment à considérer au cas par cas pour les différentes matières premières, certaines étant remplacés par d’autres grâce à certaines évolutions technologiques notamment.
Rappelons aussi que miser sur les matières premières peut être un excellent moyen de se prémunir de l’inflation. En effet l’inflation augmente lorsque les matières premières augmentent, et celui qui détiendra la ressource profitera de la hausse du prix sans payer davantage.
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L’alternative des matières premières? Moins consommer. La prophétie d’Aldous Huxley dans le meilleur monde semble se concrétiser : Nos sociétés sont obligées de consommer toujours plus sous peine de voir leur système économique complètement s’écrouler.